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Sexe, pot et politique (2016)

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Papier: 12, 83 $A

ePub: 12, 99 $A

L'existence de Joséphine prend une nouvelle tournure lorsque son mari, Robert, « Bobby » pour les intimes, est élu ministre des Finances. Elle réalise bien vite que les fréquentations douteuses de Robert se multiplient au rythme où s'effritent ses valeurs et ses principes. À cela s'ajoute une découverte qui la scandalise : son fils cadet fume du pot ! D'abord choquée, elle tente à son tour l'expérience, qui lui procure un plaisir fou. Une idée germe alors dans son esprit. Avec la complicité de sa grande amie Lilly et de ses domestiques, Mamadou et Ping, elle préparera un repas « spécial » que son mari donnera en l'honneur de plusieurs personnalités publiques influentes. Si elle voulait mettre du piquant dans son quotidien, Joséphine aura atteint son but. Mais les découvertes qu'elle fera changeront sa vie. Et celle de la planète.

Postface

En février 2016, je suis presque morte.
             Je suis partie trois semaines en Inde, sans mon médicament. Au bout de dix jours, j’avais maigri de 4,5 kg et je n’avais dormi qu’une vingtaine d’heures, à raison de deux heures par nuit, cinq ou dix minutes à la fois. J’avais commencé́ à avoir des accidents, à foncer dans les murs, à tomber dans les escaliers. Je pleurais pour rien. Pour tout. J’ai compris, entre autres, comment l’insomnie pouvait devenir mortelle. J’ai consulté plusieurs médecins — homéopathiques et ayurvédiques. L’un d’entre eux m’a dit que si j’étais morte, on aurait inscrit comme cause de décès « crise cardiaque » ou « accident vasculaire cérébral » ou simplement « accident » ou même « suicide », mais pas la vraie raison : ménopause.

Je souffre de la forme la plus sévère de ménopause. J’ai des chaleurs aux vingt minutes qui durent entre trois et cinq minutes chacune, et qui sont parfois si puissantes que j’en vomis ; les draps du lit sont à tordre le matin, puisque je perds en moyenne deux kilogrammes d’eau la nuit. J’ai soif. J’ai toujours envie. Le bruit m’énerve. J’oublie. Je déprime, je cherche pourquoi et ne trouve pas. Ça m’exaspère. Je n’ai plus de concentration, de libido, ni de joie de vivre.

Le médecin avait déjà entendu parler de cette forme extrêmement sévère de ménopause, mais n’avait jamais rencontré́ de femme encore vivante pour en parler. Je lui ai indiqué que je ne prenais plus d’hormones depuis presque deux ans, puisque de l’activité pas catholique s’était développée sur mes ovaires. L’oncologue m’avait dit à l’époque : « Stop les hormones ! » Mais c’est l’enfer sans le timbre hormonal ! Je n’avais plus de vie. Je prenais quatre sortes de médicaments qui me gommaient terriblement — des antidépresseurs, deux sortes d’anxiolytiques, des somnifères. J’étais très rentable pour l’industrie pharmaceutique, mais je ne fonctionnais plus. Jusqu’à ce que je trouve, après deux mois de calvaire sans les hormones, un médicament — une plante —, qui a éliminé TOUS mes symptômes et qui m’a redonné une vie complètement normale.

— Depuis quand prenez-vous ce médicament ? m’a demandé une autre médecin que j’ai consultée.

— Depuis décembre 2014.
— Et pourquoi ne l’avez-vous pas apporté ?
— Parce que je ne peux pas voyager avec et que surtout, dans votre pays, il est illégal.

— Ah bon ? De quoi s’agit-il ?

— De cannabis.

Son visage a changé du tout au tout. Elle a pitonné sur son clavier, a froncé les sourcils, a tourné l’écran vers moi et m’a montré les graves dangers de cette plante. C’était inscrit, là, en noir et blanc, devant mes yeux, sur des documents solennels. Les mêmes mots qu’on utilise partout pour démoniser cette plante, ceux inventés pour des rapports officiels, pour nourrir une économie tordue. Et puis elle a dit :

— Le pire, c’est que vous pouvez devenir une maniaque sexuelle. Et puisque vous voyagez sans votre mari, peut-être serez-vous tentée par…

 

Elle n’avait pas fini sa phrase que j’ai réalisé l’ampleur de la lutte à mener.     J’ai quitté l’Inde amaigrie et faible. En rentrant à la maison, j’ai pris l’équivalent d’un grain de riz d’huile brute de cannabis décarboxylée (c’est-à-dire dont les composants ont été activés). Un tout petit grain. Au bout de quatre-vingt-dix minutes, tous les symptômes avaient disparu, pendant douze heures. J’étais redevenue normale.        

Deux grains de riz d’huile par jour et je dors bien. Je suis de bonne humeur. Je suis fonctionnelle, productive. Et mon entourage peut aussi respirer à nouveau, car autrement je ne suis vraiment pas supportable.

Je suis une patiente légale au Canada, pays où nous n’utilisons le cannabis que pour traiter des symptômes — surtout la douleur, les nausées et les tremblements —, mais pas pour guérir des maladies. De plus, il est extrêmement difficile de trouver de l’huile brute au Canada. J’achète donc la plante à l’état naturel (de producteurs légaux fournis par mon médecin), avec laquelle je fais des biscuits. C’est plus long et compliqué comme méthode, moins précise aussi, mais le résultat est le même. Ironiquement, en Afrique du Sud, où le cannabis est toujours illégal (le producteur d’huile risque sa liberté chaque jour), on est beaucoup plus avancé quant à l’utilisation de cette plante.

Je me suis retrouvée dans un cercle d’environ mille personnes. Beaucoup des gens du groupe utilisent le cannabis pour soigner un cancer ; certains sont guéris, même après avoir reçu un diagnostic de quelques semaines à vivre… il y a des années. Pas tous, ce n’est pas un remède miracle ! Le taux de guérison du cancer des patients de notre producteur d’huile est de cinquante pour cent. Quand on sait qu’il est d’environ deux pour cent pour la chimiothérapie, on ne peut pas, on ne doit pas garder toutes ces guérisons sous silence ! Et quand les grands laboratoires de ce monde et même l’Institut national du cancer américain avouent que des composants de la plante de cannabis tuent les cellules cancéreuses, il faut enquêter, étudier, comprendre. Utiliser ! D’un côté, le gouvernement américain nie les valeurs thérapeutiques du cannabis et, de l’autre, il accorde des brevets pour son utilisation médicinale (notamment le brevet US Patent 6630507).

Dire que c’est de l’hypocrisie serait un euphémisme. Ce devrait être notre droit, pas celui de l’industrie, de choisir entre la chimiothérapie et l’huile de cannabis.

Et à la sempiternelle question « Es-tu stone ? », la réponse est non. Je n’en prends pas assez pour cela (0,1 g deux fois par jour). Le seuil de tolérance au THC varie énormément d’une personne à l’autre. On peut ressentir des effets euphorisants avec une infime fraction d’un grain de riz. Alors que pour d’autres personnes, il en faut plusieurs grains. Les gens qui doivent prendre des doses importantes, pour le cancer par exemple — environ un gramme d’huile brute ou plus par jour —, ressentent les effets du THC. Certains ne peuvent pas tolérer cette dose, alors ils se servent de suppositoires. Dans ce cas, l’effet du THC est grandement atténué et n’est presque pas ressenti, mais il fait son travail anticancéreux quand même.

Dans mon groupe se trouvent aussi des gens qui souffrent de Parkinson, de glaucome, de sclérose en plaques (une femme a vu les lésions sur son cerveau diminuer de moitié), de désordres liés à l’anxiété et à la dépression, d’arthrite, de la maladie de Crohn (plusieurs en sont guéris), de troubles de déficit de l’attention (des jeunes fonctionnent mieux qu’avec le Ritalin), d’épilepsie ou du syndrome de Dravet. J’ai enseigné le piano (ou plutôt développé la motricité en utilisant le piano) à un garçon souffrant de ce dernier syndrome.

Ces enfants font entre deux cents et trois cents crises épileptiques par jour. En retirant un composant de la plante, le CBD (ils n’ont pas besoin du THC), le nombre de crises diminue à deux par mois ! Et on veut les priver de ça ? D’une qualité de vie extraordinaire ?

J’ai le choix entre risquer le cancer, risquer la mort par folie ou par accident et risquer la prison. Que choisiriez-vous ?

Le cannabis a été illégal pendant moins d’un pour cent du temps depuis le début de son utilisation. Nous vivons présentement dans ce petit pourcentage illégal de son histoire. L’information au sujet du cannabis qu’on trouve dans ce livre ne relève pas de la fiction. Malheureusement, le cirque de la politique non plus. Et si les gens de pouvoir avaient vraiment les intérêts et la santé de la population à cœur, on changerait dès demain matin, aux Nations Unies, la classification erronée de cette plante comme drogue dangereuse. Elle était, avant que la politique s’en mêle, utilisée pour traiter plus d’une centaine de maladies et de symptômes.

La science l’a prouvé catégoriquement : le cannabis possède d’importantes valeurs thérapeutiques, tant palliatives que curatives.

Je le sais, je lui dois ma vie, comme tant d’autres. Lucie Pagé, août 2016.

P.-S. En ce qui concerne le côté récréatif de la chose, j’aimerais savoir qui a dit que l’euphorie provoquée par l’alcool est plus acceptable que celle causée par le pot. Surtout en sachant que l’alcool ne traite ou ne guérit aucune maladie !

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